Peripeties laotiennes

Instantannes du Laos

Le Laos, le Lao et ses differents peuples (d'ou le S de Laos): un coin de terre, coince dans l'Asie du Sud Est, de 6 millions d'habitants et relegue par les Francais du debut du 20eme siecle comme simple zone tampon entre la Thailande (d'influence anglaise) et l'Indochine. Ce petit pays, anciennement protectorat francais, nous a conquis par sa paisible vie, a un rythme doux, si authentique (mais ce mot a-t-il un sens ?), si tribal (c'est a dire si different de nos conceptions citadines). Dans les villes, on voit les terrains de petanques, des baguettes et de la Vache Qui Rit, des anciens en beret qui nous abordent en francais. A Vientiane, les noms des rues sont en francais, et on achete avec etonnement le journal francophone hebdomadaire. Le Laos n'a encore que son agriculture pour vivre (riz, cafe entre autres) mais avec le Mekong qui glisse sur toute sa longueur, il offre des perpectives impressionnantes de projets hydro-electriques, en particulier pour la Thailande voisine. Le Mekong, fleuve souverain et gris, et ses affluents (les 'Nam' qui veut aussi bien dire eau que riviere) fournissent des poissons delicieux (grilles au barbeque souvent, et que l'on decortique tant bien que mal). Les pecheurs jettent leurs filets paresseusement depuis de freles embarcations de bois, avant de rapporter leurs prises a terre, naviguants entre les femmes et les enfants venus se laver en fin de journee.

Le nord du Laos est connu pour le puzzle ethnique qu'il affiche; mais on trouve les memes tribues montagnardes en Thailande, au Vietnam et la plupart ont des origines en Chine du Sud (le Yunnan). Certaines ont fui le Laos lorsque les communistes du Pathet Lao ("Le pays Lao") sont arrive au pouvoir en 1975, en meme temps qu'Ho Chi Minh dans le pays Vietnamien voisin. Car oui, le Laos, comme un guide historien nous l'a precise fierement, fait parti des 5 derniers pays communistes du monde (il a compte le Vietnam, Cuba, la Chine et la Coree du Nord). Et pour mieux repondre a nos questions, il explique que tous les Laos aiment leur president, et que ce dernier considere tous les Laos comme ses propres enfants. C'est ca, le communisme aujourd'hui. Cela n'empeche pas de sortir son telephone portable evidemment, et de rouler en 4x4 japonais (pour les plus riches des Laos), et de monter sa petite entreprise privee.

Si vous prenez une carte du Laos, vous comprendrez la boucle que nous avons fait : Luang Prabang, Luang Nam Tha, Nong Kiaw, Xam Neua, Vieng Xai, Phonsavan (ou Xiangkhoang), et Vientiane. A nouveau, les moyens de locomotion sont de type bus et tous ses derives (du 'Jumbo'-Tuk-tuk collectif au bus VIP qui n'a de ce nom que les initiales, alors qu'il fait autant d'arrets aleatoires que les autres, et que les enfants en bas age nous rappellent periodiquement qu'ils n'ont pas de couche).Belle etape de 8 heures avec deux routiers, dans la cabine de leur 20 tonnes, sur des routes de montagnes, a vitesse d'escargot, en train de deguster des especes delicieuses de pomme de terre (gout de chataignes), navet cru (juteux et sucre), ou graines de coloquintes; la conversation va bon train malgre les difficultes de langage. Lorsque l'un pique du nez (le proprietaire de 34 ans, marie avec une jeune Lao de 15 ans, et aujourd'hui pere de deux enfant), on espere secretement qu'il donnera le volant au plus jeune (son 'backup' de 22 ans qui sommeille derriere nous).

Havre de paix, a MuangNgoi, la langueur de ce village accessible par la riviere uniquement nous saisit, entoures de montagnes verticales et abruptes, remplies de cris d'oiseaux. On prend une longue barque etroite et branlante, pour remonter la Nam Ou, froncant un peu les sourcils lorsque le moteur cale soudain, parmi les rochers et le fort courant. Mais le calme Laotien est un rempart permanent contre le stress de la vie; culturellement, les emotions trop vives sont bannies et le boudhisme y est pour quelque chose. Le soir, une bonne 'Lao beer', une fierte nationale liquide, nous requinque et lorsque le patron de la guesthouse nous offre du Laolao, nous savourons l'alcool de riz qui arrache les poumons. Randonnees dans les rizieres seches, les buffles d'Asie, empruntant des ponts de bambous et decouvrant de petites grottes calcaires sur la route. Perdus dans la foret, en remontant un cours d'eau dans l'espoir d'une cascade, on se rappelle que le pays abrite des ours et des tigres. A l'affut, nous sursautons quand deux villageoises agees sortent d'un sentier cache et saisissent notre pamplemousse sauvage pour le decouper de leur machette en souriant.

Nous louons des motos a nouveau, et aussi une barque a rames, pour le plaisir de bouger selon notre humeur sur de plus grandes distances. Quand il faut tirer la barque contre le courant, les fesses dans l'eau, et que des pecheurs pas loin nous regardent placidement en levant la main, encore une fois, nous savourons ces instants droles et uniques. De meme, assis pres d'une place a feu, et que des grenouilles et des souris depecees sechent au dessus du foyer, en preparation du petit dejeuner du lendemain.

Il nous faudra encore de la place pour raconter nos peripeties dans ce pays pas comme les autres. Nous repassons en Thailande, pour voir encore un peu de ce pays, puis prendrons notre vol pour Sydney depuis Singapore le 14 fevrier.